LE PARLEMENT COMPLICE D’UN MARCHÉ DE DUPES SOUS L’ÉGIDE AMÉRICAINE
[ La récente “Déclaration de principes” orchestrée sous l’égide des États-Unis d’Amérique a plongé la RDC dans une controverse majeure, soulevant des questions importantes sur le rôle et la responsabilité de son Parlement.
L’absence d’implication du “Palais du Peuple” dans l’élaboration de cet accord, aux implications économiques et géopolitiques considérables, nourrit les suspicions d’une atteinte à la souveraineté nationale.
Dès lors, le parlement congolais se retrouve face à un dilemme historique : est-il un otage impuissant face aux manœuvres externes, ou un complice silencieux d’un accord potentiellement désavantageux pour le peuple congolais ?
La réponse à cette question déterminera la place qu’occuperont les représentants du peuple dans l’histoire de la nation ].
La récente émergence d’une “Déclaration de Principes” orchestrée sous l’égide des États-Unis d’Amérique, visant à établir un cadre de coopération régionale potentiellement centré sur l’exploitation des ressources naturelles, a propulsé la République démocratique du Congo (RDC) au cœur d’un débat passionné et profondément clivant.
Au sein de cette nation riche en potentiel mais marquée par une histoire complexe d’ingérences extérieures, une question lancinante résonne avec une acuité particulière : pourquoi le parlement congolais, dépositaire de la souveraineté nationale et représentant direct de la volonté populaire, a-t-il été tenu à l’écart des négociations et de l’élaboration d’un accord aux implications économiques et géopolitiques aussi considérables ?
Cette omission, loin d’être anodine, soulève des interrogations fondamentales sur la transparence des processus décisionnels, le respect des institutions démocratiques congolaises et la potentielle aliénation des intérêts nationaux au profit d’agendas externes.
Dans un contexte régional déjà fragilisé par des décennies de conflits et d’exploitation illégale des ressources, l’absence d’une délibération parlementaire robuste autour de cette “Déclaration de principes” alimente les suspicions d’un arrangement opaque, où les intérêts américains et ceux de certains acteurs régionaux pourraient primer sur les aspirations légitimes du peuple congolais à bénéficier pleinement de ses richesses naturelles.
La comparaison, amère et persistante, avec le rôle jugé insignifiant du parlement rwandais, perçu pour le cas d’espèce comme une simple chambre d’enregistrement des décisions exécutives, ne fait qu’exacerber les craintes d’une validation tacite et non démocratique d’un accord aux conséquences durables pour l’avenir de la RDC.
LE SILENCE ASSOURDISSANT DU PALAIS DU PEUPLE : UNE SOUVERAINETÉ BAFOUÉE ?
L’absence de consultation et d’implication du parlement congolais, institution emblématique logée au sein du “Palais du Peuple”, dans l’élaboration de cette “Déclaration de principes” soulève une vive préoccupation quant au respect de la Constitution et des principes fondamentaux de la démocratie.
En tant qu’émanation directe de la volonté citoyenne, les parlementaires congolais sont investis du pouvoir de légiférer et de contrôler l’action gouvernementale, notamment en matière d’accords internationaux ayant des implications majeures pour le pays.
Le fait de les contourner dans un dossier aussi sensible que la gestion et l’exploitation des ressources naturelles, un secteur historiquement marqué par la corruption et les ingérences étrangères, constitue un signal alarmant.
Il suggère une potentielle marginalisation du rôle du pouvoir législatif au profit d’une diplomatie parallèle, menée par l’exécutif sous l’influence, directe ou indirecte, d’acteurs externes. Cette pratique, si elle venait à se confirmer, créerait un précédent dangereux, affaiblissant les institutions démocratiques congolaises et ouvrant la voie à des accords futurs conclus sans la légitimité et la transparence qu’un débat parlementaire contradictoire pourrait garantir.
La question se pose alors avec insistance : cette omission procède-t-elle d’une simple négligence protocolaire, d’une stratégie délibérée visant à éviter toute opposition ou amendement, ou d’une influence extérieure suffisamment puissante pour dicter les termes de l’engagement de la RDC ?
WASHINGTON TISSE SA TOILE : INTÉRÊTS STRATÉGIQUES ET DÉMOCRATIE CONGOLAISE EN QUESTION
L’implication des États-Unis d’Amérique dans cette “Déclaration de principes” ne saurait être analysée sous un angle purement altruiste.
En tant que superpuissance mondiale aux intérêts économiques et géostratégiques tentaculaires, Washington scrute attentivement les régions riches en ressources critiques, indispensables à son industrie technologique et à sa sécurité nationale.
La RDC, avec son sous-sol regorgeant de cobalt, de coltan, de lithium et d’autres minerais essentiels à la transition énergétique et à la fabrication d’appareils électroniques, représente un enjeu majeur dans cette compétition globale pour l’accès aux matières premières.
Dès lors, l’initiative américaine pourrait être interprétée comme une tentative de sécuriser des chaînes d’approvisionnement fiables et diversifiées, potentiellement en s’appuyant sur des partenaires régionaux comme le Rwanda, dont la position stratégique et les alliances avec les États-Unis sont bien établies. Cependant, cette approche soulève des questions éthiques et politiques importantes.
Est-il légitime pour une puissance extérieure de s’immiscer de manière aussi directe dans la gestion des ressources d’un État souverain, au risque de contourner ses institutions démocratiques et de perpétuer des dynamiques d’exploitation héritées du passé ?
Le parallèle avec la situation interne aux États-Unis est frappant : il est inconcevable qu’une question d’une telle importance pour le pays soit décidée sans une délibération approfondie et un vote au sein du Congrès américain, notamment au Sénat.
Dès lors, pourquoi appliquerait-on à la RDC des standards de gouvernance et de transparence inférieurs à ceux que les États-Unis s’imposent à eux-mêmes ?
LE SPECTRE DE LA COMPLICITÉ : LE PARLEMENT CONGOLAIS FACE À SON HISTOIRE
Dans ce contexte de négociations opaques et d’exclusion du pouvoir législatif, la responsabilité historique du parlement congolais se trouve engagée de manière critique.
Si les parlementaires congolais venaient à valider a posteriori, sous la pression de l’exécutif ou sous l’influence de forces extérieures, une “Déclaration de principes” élaborée sans leur participation, ils s’exposeraient au risque d’être perçus par l’histoire comme complices d’une potentielle atteinte à la souveraineté nationale et aux intérêts du peuple congolais. L’argument selon lequel le régime actuel, sous la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi, aurait validé en amont le “jeu américain via le Rwanda” ajoute une couche de complexité et de suspicion à cette affaire.
Il incombe donc aux représentants du peuple congolais de faire preuve d’une vigilance et d’une indépendance sans faille, d’exiger la pleine transparence sur le contenu et les implications de cette “Déclaration de principes”, et de se prononcer en toute conscience, en plaçant au-dessus de toute autre considération les intérêts supérieurs de la nation congolaise.
Leur silence ou une validation hâtive et non éclairée pourrait être interprété comme une abdication de leur rôle constitutionnel et une trahison du mandat que leur a confié le peuple.
L’histoire, implacable juge des actions des hommes et des institutions, retiendra la position qu’aura adoptée le parlement congolais face à ce moment crucial de son histoire.
David MUTEBA KADIMA/Les Points Saillants