La province de l’Ituri, théâtre incessant d’une crise sécuritaire et humanitaire dévastatrice, continue de plonger sa population dans un chaos abyssal, comme le révèle le dernier rapport accablant d’OCHA-RDC, consulté par la rédaction de Diaspora-positive.com.
Ce document alarmant, fruit de la collaboration des agences du système des Nations Unies et de leurs partenaires humanitaires pour la période du 1er au 30 avril 2025, dresse un tableau sombre d’une situation où la survie quotidienne de milliers de personnes est compromise.
Dans les territoires d’Aru et de Mahagi, notamment, l’agence onusienne tire la sonnette d’alarme quant à une situation nutritionnelle qui ne cesse de se détériorer, laissant des communautés entières au bord du précipice de la famine.
Ce rapport expose la complexité d’une crise où des avancées ponctuelles en matière d’accès aux soins de santé dans certaines zones contrastent violemment avec la suspension de programmes nutritionnels vitaux dans d’autres, laissant des dizaines de milliers de personnes, dont des enfants en bas âge et des femmes enceintes ou allaitantes, dangereusement exposées aux affres de la malnutrition aiguë.
L’Ituri, loin de connaître une amélioration durable, semble ainsi s’enfoncer davantage dans un cycle de violence et de privations, où l’aide humanitaire, malgré les efforts déployés, peine à endiguer l’ampleur des besoins et les conséquences désastreuses du conflit sur la vie des populations civiles.
Le rapport d’OCHA-RDC met en exergue un paradoxe tragique au sein de la province de l’Ituri : tandis que des lueurs d’espoir apparaissent dans certaines zones, comme la reprise des services à l’hôpital de Fataki, offrant un accès crucial aux soins de santé secondaires à plus de 169.000 personnes après un mois de fermeture due à l’insécurité, d’autres territoires sombrent dans une crise nutritionnelle alarmante.
C’est le cas des territoires de Mahagi et d’Aru, où la suspension du programme de prise en charge de la malnutrition de l’Ong Intersos depuis fin mars, en raison de contraintes financières, a laissé plus de 82 000 personnes en situation de malnutrition aiguë sévère (MAS) et modérée (MAM) sans assistance vitale.
Parmi ces victimes figurent des milliers d’enfants de moins de cinq ans, ainsi que des femmes enceintes et allaitantes, des groupes particulièrement vulnérables aux conséquences dévastatrices de la malnutrition.
Cette interruption brutale d’une aide essentielle met en évidence la fragilité du financement humanitaire et ses conséquences directes sur la vie de populations déjà exsangues.
Le rapport révèle également une situation préoccupante dans la zone de santé de Laybo (territoire d’Aru), où les autorités sanitaires ont enregistré un nombre alarmant de cas de malnutrition aiguë au premier trimestre 2025, succédant au désengagement de l’Ong Coopi des activités de nutrition dans cette même zone dès la fin de l’année 2024.
Les autorités locales estiment que cette résurgence de la malnutrition est directement liée à la discontinuité des soins nutritionnels due au retrait des partenaires humanitaires, faute de ressources adéquates, et lancent un appel désespéré à l’intervention d’un nouveau partenaire capable d’assurer la continuité de ces services vitaux.
Parallèlement à cette crise nutritionnelle aiguë, l’accès aux soins de santé demeure une préoccupation majeure dans plusieurs territoires de l’Ituri.
Si la reprise des activités à l’Hôpital Général de Référence de Fataki dans le territoire de Djugu représente une avancée significative pour plus de 169.000 personnes, offrant un accès renouvelé aux soins secondaires après une fermeture d’un mois due à l’insécurité persistante, la situation reste critique dans d’autres localités.
Le centre de santé de Nioka, dans le territoire de Mahagi, est ainsi fermé depuis le 14 avril 2025, privant plus de 18.000 habitants d’un accès essentiel aux soins de santé. Cette fermeture fait suite à la fuite du personnel soignant vers la localité voisine de Rimba après une tentative d’enlèvement d’un de leurs collègues par des éléments d’un groupe armé.
Cet incident tragique illustre la menace constante que fait peser l’insécurité sur les acteurs humanitaires et les personnels de santé, entravant leur capacité à fournir une assistance vitale aux populations vulnérables.
Le rapport d’OCHA-RDC pour la période d’avril 2025 dresse ainsi un tableau contrasté et profondément préoccupant de la situation humanitaire en Ituri, où des avancées ponctuelles sont constamment éclipsées par l’ampleur des besoins non satisfaits et les conséquences dévastatrices de la violence persistante sur la vie et la santé de milliers de civils.
La communauté internationale est une fois de plus interpellée par l’urgence d’une réponse humanitaire coordonnée et durable pour éviter une catastrophe encore plus grande dans cette province martyre de l’Est de la République démocratique du Congo.