- L’Opposition face aux “dérives dictatoriales”.
Au lendemain de la condamnation de l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo à dix ans de travaux forcés et cinq ans d’inéligibilité par la Cour Constitutionnelle, une onde de choc parcourt la scène politique congolaise.
Les Fédérations du Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) du Nord et du Sud-Kivu ont immédiatement pris la parole, dénonçant avec une rare virulence ce qu’elles qualifient de violation flagrante du pacte républicain et des lois en vigueur en République démocratique du Congo.
Cette condamnation n’est pas perçue comme un simple acte judiciaire, mais comme une manœuvre délibérée du Président Félix Tshisekedi visant à “instaurer une tyrannie” et à écarter purement et simplement l’ancien chef du gouvernement de la scène politique nationale.
La sévérité de la peine prononcée, assortie d’une longue période d’inéligibilité, est interprétée comme une tentative d’élimination politique, soulevant de vives inquiétudes quant à l’état de la démocratie et de l’État de droit dans le pays.
UN “PROCÈS INIQUE” ET UN SILENCE “COMPLICE” ACCUSÉS
Dans leur déclaration commune rendue publique le mercredi 21 mai, les deux fédérations du LGD n’ont pas mâché leurs mots, qualifiant le procès de Matata Ponyo d’ “inique et injuste”.
Mais au-delà de la critique du jugement lui-même, leur indignation se tourne vers le silence qu’elles jugent “complice, hypocrite” et la “politique de l’Autriche” – une expression forte désignant une neutralité perçue comme de l’indifférence calculée – dont feraient preuve une grande partie de la classe politique congolaise, la société civile, des organisations internationales de défense des droits de l’homme et la communauté internationale.
Pour le LGD, ce silence est tout simplement inacceptable face à ce qu’elles considèrent comme des “violations flagrantes des principes fondamentaux des droits de l’homme” dans une affaire qui a captivé l’attention nationale et internationale.
S’adressant directement au Président Félix-Antoine Tshisekedi, qu’elles accusent sans détour d’ “abus et dérives dictatoriaux”, les fédérations du LGD ont lancé un avertissement cinglant et empreint de détermination : “Vous n’avez gagné qu’une bataille. Matata n’est plus seul, ce combat pour la justice sera long et populaire” !
Cette formule percutante, relayée dans la déclaration, n’est pas seulement un défi politique ; elle est une promesse de mobilisation et de résistance, suggérant que cette condamnation pourrait bien devenir un point de ralliement pour une opposition fragmentée, unissant les forces autour d’une cause perçue comme celle de la justice et de la démocratie.
LE “MUSELLE MENT GÉNÉRALISÉ” DE L’OPPOSITION : UN TABLEAU SOMBRE
La condamnation de Matata Ponyo n’est pas considérée par les fédérations du LGD comme un événement isolé, mais comme un symptôme d’une tendance plus large. Elles élèvent la voix avec force face à un prétendu “musellement généralisé” de l’opposition par le pouvoir de Kinshasa.
Pour étayer ces accusations d’ “abus”, elles citent plusieurs cas frappants qui, selon elles, illustrent une volonté délibérée d’intimider, de neutraliser et d’éliminer les voix dissidentes.
Parmi les faits rapportés, elles mentionnent les poursuites jugées “illégales” engagées notamment contre l’ancien Président et sénateur à vie Joseph Kabila, dont les biens auraient fait l’objet de perquisitions, un acte d’une forte portée symbolique. Elles évoquent également les condamnations à l’exil forcé de figures politiques de premier plan comme Moïse Katumbi et Franck Diongo, des mesures qui empêchent ces acteurs d’exercer leur rôle politique sur le territoire national.
À cela s’ajoutent les arrestations qualifiées d’ “arbitraires” visant des personnalités telles que Seth Kikuni et Jean-Marc Kabund. L’accumulation de ces actes dresse, selon le LGD, un tableau profondément préoccupant de la situation politique et des libertés publiques en RDC.
L’inquiétude ne se limite malheureusement pas aux seuls opposants politiques et aux personnalités publiques. Les fédérations du Nord et du Sud-Kivu du LGD déplorent avec amertume que même les journalistes, gardiens de l’information et piliers de la démocratie, soient visés, leurs “têtes mises à prix” pour le seul “crime de ne s’être pas soumis aux désirs et souhaits du pouvoir”.
Si ces allégations sont avérées, une telle situation menacerait gravement la liberté de la presse, le pluralisme médiatique et, par extension, le droit des citoyens à une information libre et indépendante.
Un musellement des médias et de l’opposition est, par essence, une atteinte directe aux fondements d’une démocratie saine.
APPEL URGENT À LA DÉCRISPATION ET À LA PROTECTION DES CIVILS
Face à ce climat politique délétère et de plus en plus tendu, les fédérations du Leadership et Gouvernance pour le Développement du Nord et du Sud-Kivu lancent un appel pressant et solennel à la décrispation du climat politique en République démocratique du Congo.
Leur objectif ultime est d’éviter de nouvelles pertes en vies humaines parmi les populations civiles, déjà cruellement éprouvées par des conflits armés qui ont fait des dizaines de milliers de victimes innocentes dans l’Est du pays.
Pour le LGD, cette tragédie humaine est non seulement une conséquence des violences, mais aussi le résultat d’un “silence complice et coupable” des acteurs politiques nationaux et de la communauté internationale.
Cet appel à l’action et à la responsabilité collective est donc un plaidoyer fervent pour le rétablissement d’un dialogue politique apaisé et le respect scrupuleux des droits humains, conditions sine qua non pour garantir une paix durable et une stabilité véritable en RDC.
La balle est désormais dans le camp des autorités et des partenaires internationaux pour répondre à cet appel urgent à la décrispation.
David ALUTA,
Réécrit par David MUTEBA KADIMA